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Heures lorraines

Les druidesses

Les Gaulois ainsi que les Germains attribuaient à leurs femmes quelque chose de divin, dit Tacite. D’un commun accord, les Gaulois remirent entre les mains de leurs prudentes et belliqueuses épouses les balances de la justice et le glaive des lois.Chez les celtes, les Femmes du suprême sacerdoce exercèrent la première Théocratie. Dans toutes les contrées, il y avait un Collège de femmes avec à sa tête une Druidesse. Cette dernière présidait le culte et rendait les oracles ; on la consultait dans les affaires particulières comme on consultait la Volupsa dans les affaires générales.Son autorité était très étendue.

Leur nom vient de Drud qui veut dire puissance directrice. Les rois et les guerriers se plaisaient à les consulter ; les souverains pontifes avaient pour elles beaucoup de vénération. Les druidesses jouissaient d’une sorte d’indépendance à l’égard des druides. Les Druides, les initiés que l’on voit à côté des Druidesses, ne faisaient rien sans prendre leur avis. Le peuple recevait avec le plus grand respect les ordres et les enseignements de ces Prêtresses qui exerçaient le pouvoir législatif mais confiaient à l’homme le pouvoir exécutif. C’est ainsi que la Voluspa nommait un roi qu’on regardait comme le délégué de la Déesse, institué par Elle, par sa faveur divine ; et le peuple se soumettait sans aucune hésitation à ce chef qu’elle avait nommé et qui était autant pontife que roi.

Deux siècles avant notre ère, l’administration des affaires civiles et politiques était confiée à un sénat de femmes choisies par les différents cantons : le conseil des Déesses Mères. Les cours de justice, les assemblées d’élection se tenaient aux mêmes endroits que les assemblées religieuses dans des cercles de pierres consacrées,situés dans des clairières. L’éducation des enfants était entièrement faite par les femmes. Les enfants ne connaissaient pas leur père.

Bientôt un pouvoir sanguinaire s’approcha, par degrés, du trône où l’amour national avait placé les femmes et finit par l’envahir. Ce sexe faible ne put y résister et, cédant aux prestiges de la terreur, il courba la tête sous le joug des druides. Mais la reconnaissance et l’amour ne s’éteignirent pas dans le cœur du peuple celte ; partout il chercha à diviniser les objets de son affection. Les rochers, les torrents, les fontaines, les sources salutaires furent placées sous l’invocation des vierges. Avec l’extinction des druides, les femmes retinrent longtemps la couronne de chêne et la serpe d’or. Puis il parut une religion nouvelle, dont le génie tendre, grave et mélancolique, devait naturellement charmer ces peuples. Ce culte bienfaisant dut à Clotilde sa splendeur et renversa pour jamais les sanglants autels de Hésus. La croyance aux fées, à des êtres mystérieux, habitant les lieux secrets des forêts, les puits profonds, les fontaines limpides et les antres des rochers, divinités dont l’amour et la haine étaient également redoutables, remplaça chez ce peuple la crainte et la vénération qu’il portait à ses druidesses. Chacun se rendait avec sa chandelle ou sa torche allumée qu’on déposait au pied d’un arbre, auprès d’une fontaine devant une pierre ou tout autre objet visible de la divinité – Favre d’Olivet – Etat social de l’homme –

Edouard Grimard dans les Bibles : chaque peuplade avait sa grande Prêtresse ; ces femmes jouaient un rôle plus ou moins semblable à la fameuse Voluspa des Scandinaves, qui, avec une autorité que nul n’eût osé lui contester, dirigeait tout un collège de druidesses. Et tandis que les hommes, palpitants et terrifiés tremblaient devant ces manifestations d’un monde inconnu, les femmes plus hardies, exaltées par leur enthousiasme, prophétisaient sous certains chênes centenaires, considérés comme sacrés.