Heures lorraines
C'est la fameuse affaire de la "Querelle des Investitures". -Ernest Mourin-
Brunon, évêque de Toul,devenu pape sous le nom de Léon IX, essaie le premier de réformer l'Eglise. Son conseiller et son inspirateur, le moine Hildebrand, est élu pape à la suite et prend le nom de Grégoire VII en 1073. Il entreprend d'affranchir l'Eglise et de la purifier.
L'Eglise n'est pas libre parce que, en raison de ses immenses possessions, elle est toute entière engagée dans le système féodal. Toute terre est un fief ayant sa place et ses obligations dans la hiérarchie sociale. Un évêque, à partir du moment où il est propriétaire, relève d'un suzerain. Bientôt on cesse de distinguer les deux pouvoirs, le spirituel et le temporel. Les suzerains suppriment les élections canoniques si bien que les fonctions du sacerdoce et les biens de l'Eglise deviennent l'objet d'un vrai trafic. Les représentants de l'Eglise qui achètent leur charge peuvent-ils être les défenseurs zélés des lois religieuses?
Grégoire VII engage la lutte en interdisant aux évêques et aux abbés de recevoir l'investiture des mains des princes et des seigneurs laïques. En même temps, il lance de tous côtés d'ardents religieux pour ameuter les populations contre les prêtres mariés.
L'empereur Henri IV et une grande partie du clergé d'Allemagne se soulèvent contre lui. Menacé d'excommunication, il réunit à Worms un conciliabule d'évêques et de seigneurs, fait prononcer la déposition du pape et la lui notifie par une lettre insultante en janvier 1076.
Le duc lorrain Thierry le rejoint à Worms et soutient sa querelle.
Grégoire VII frappe Henri IV des foudres de l'Eglise, le déclare déchu de tous ses droits à l'empire et délie ses sujets de leur serment de fidélité. Il proclame comme un dogme la suprématie du pape sur tous les rois. Les princes allemands se prononcent contre l'empereur qui, de toute façon, est un odieux despote et le somment de se réconcilier avec le Saint-Siège dans le délai d'un an.
Henri IV n'a d'autre alternative que de passer les Alpes en plein hiver, d'aller au château de Canossa et de faire amende honorable. Le pontife, d'abord implacable, ne fait grâce qu'après avoir tenu, pendant trois jours, courbé devant lui, en chemise et les pieds nus dans la neige, l'orgueilleux chef de l'empire. (janvier 1076)